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Depuis septembre 2022, Ruth Parren, logopède et audiologue de formation, travaille deux jours par semaine sur le projet Paolo, un ‘Hearing Health Care Project’ mené au sein de Lapperre. Il s’agit d’un projet social autour des soins auditifs chez les personnes atteintes d’un handicap mental. « Malgré la forte prévalence au sein de ce groupe cible, peu d’attention est souvent accordée aux problèmes auditifs », explique Ruth. Avec le projet Paolo, elle entend changer les choses.

Ruth Parren

« Des soins auditifs de qualité et une éventuelle correction auditive peuvent faire la différence en termes de communication, mais aussi améliorer les capacités mentales. Dans la pratique, nous constatons souvent aussi un changement et une évolution positive au niveau du bien-être général, sur les plans social et physique. »

La naissance du ‘projet paolo’

Au cours des huit premières années de sa carrière, Ruth a travaillé comme audiologue indépendante dans son centre auditif de Maaseik. Les premiers contacts avec des structures de soins de Maaseik et des environs ont déjà été établis à l’époque. Elle recevait régulièrement des personnes de ces structures de soins dans son centre auditif pour un test auditif et l’adaptation d’appareils auditifs.

Paolo a été l’un de ses premiers clients. Il habitait au Campus Meander à Dilsen-Stokkem, une structure de soins pour les personnes en situation de handicap mental, qui présentent parfois des troubles multiples. L’établissement de sa déficience auditive et le passage à des appareils auditifs ont été difficiles dans un premier temps, car son entourage avait beaucoup de questions et de doutes : est-ce qu’il va pouvoir passer ce test auditif, supportera-t-il des appareils auditifs, ne risque-t-il pas de les perdre, etc. ?

En fin de compte, sa famille a accepté d’essayer. Pour des raisons d’ordre pratique, le choix s’est porté sur des contours d’oreille avec embouts sur mesure. Les appareils auditifs ont été ajustés petit à petit par Ruth, et Paolo était suivi par sa logopède, Hilde Deckers. Celle-ci était un point de contact indispensable pour Paolo, pour le groupe de résidents de la structure de soins, mais aussi pour la famille de Paolo.

Un monde s’est ouvert à Paolo : dans le parc animalier où il travaillait, il pouvait tout à coup entendre les poules, l’âne et les oiseaux. Et au sein du groupe de résidents, son comportement introverti a changé positivement. Il est devenu plus joyeux et plus impliqué et était toujours prêt à raconter une petite blague.

Paolo, Campus Meander 

L’objectif du projet Paolo est d’aider les personnes en situation de handicap mental à accéder à une vie plus joyeuse et plus saine grâce à des soins auditifs de qualité 

— Ruth Parren

La pose d’appareils auditifs a été une réussite grâce à la confiance et à la patience de sa famille et de son entourage proche. Ces dernières années, il y a de plus en plus de preuves que la malentendance peut accélérer le déclin cognitif et qu’elle est le principal facteur de risque modifiable qui peut augmenter la probabilité de démence chez les personnes âgées. Une sensibilisation à l’importance d’une bonne audition est par conséquent nécessaire, en particulier au sein de ce groupe cible.

« J’ose dire qu’il existe en général un certain parti pris qui fait que peu de crédit est accordé à une adaptation d’appareils auditifs », déclare Ruth. « Le traitement lent des stimuli, l’autisme, le TDA/H et d’autres formes de comportement sont cités comme contre-arguments. Avec la sensibilisation, j’espère briser le stigmate. »

« En allant faire le dépistage et l’adaptation d’appareils auditifs sur place dans les structures de soins, les soins auditifs sont littéralement plus accessibles pour les résidents. Ces utilisateurs de soins se sentent plus à l’aise dans leur propre environnement et leur confiance augmente parce qu’ils me voient plus souvent. Ce qui a un effet direct sur leur disposition à passer le test et donc aussi sur la fiabilité des tests auditifs.

Je ressens une forte impulsion en faveur du développement d’un ‘protocole de dépistage’ pratique en guise de fil conducteur dans les soins auditifs pour les personnes atteintes d’un handicap mental. Comme ils ne peuvent en général pas parler pour eux-mêmes, il n’est pas toujours possible pour eux de signaler des problèmes auditifs. C’est parfois aussi très difficile pour leur entourage, en raison du handicap proprement dit, des problèmes comportementaux, du vieillissement ou de la démence. Avec une sensibilisation, d’une part, et un protocole clair, d’autre part, nous devrions pouvoir rendre les soins auditifs plus accessibles pour ces patients », poursuit Ruth.

Questionnaires

Dans un premier temps, Ruth souhaite se forger la meilleure idée possible des conséquences parfois profondes de la perte d’audition par le biais de questionnaires à compléter par l’entourage proche du client. Ces questionnaires portent aussi bien sur le fonctionnement auditif que sur le comportement communicatif et général, via des questions fermées (oui/non) et des échelles visuelles analogiques, complétées d’une échelle d’autoperception et d’une question relative à la chance de réussite d’une solution auditive.

Dans un second temps suivra le bilan auditif, adapté à l’utilisateur de soins. Pour ce faire, on utilisera l’otoscopie, l’audiométrie en champ libre (à l’aide d’un boîtier ou d’un audiomètre PA5) et/ou l’audiométrie tonale avec casque. L’existence d’éventuelles corrélations entre les deux méthodes d’analyse sera étudiée au cours de la prochaine année académique dans le mémoire de bachelier de deux étudiants en audiologie de la haute école Thomas More. L’efficacité de la combinaison des deux méthodes en tant qu’instrument de dépistage individuel et en tant qu’instrument d’évaluation avant et après l’adaptation d’appareils auditifs sera également étudiée.

« Avec une certaine prudence, nous pouvons confirmer la prévalence de 30 % mentionnée dans la littérature avec les dépistages déjà réalisés. 78 des 253 personnes dépistées présentent une perte auditive d’un indice de Fletcher de plus de 40 dB à au moins une oreille », explique Ruth.

Mission projet paolo

L’objectif du projet Paolo est d’aider les personnes en situation de handicap mental à accéder à une vie plus joyeuse et plus saine grâce à des soins auditifs de qualité. « Le projet Paolo me tient beaucoup à cœur », explique Ruth. « Grâce à lui, je peux être utile à ces personnes et cela me procure énormément de satisfaction ! C’est un pur bonheur. »

Le projet Paolo s’inscrit ainsi parfaitement dans la vision de Sonova/Lapperre : « Nous rêvons d’un monde dans lequel chaque perte auditive a sa solution, et chacun profite pleinement du plaisir d’entendre. »

Envie d’en savoir plus ? 

Vous pouvez contacter Ruth Parren à l’adresse projectpaolo@lapperre.be.

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