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Des revues systématiques et des méta-analyses antérieures ont démontré que la perte auditive est significativement associée à un excès de mortalité toutes causes confondues, et que le risque de mortalité double pour chaque augmentation de 30 dB de perte auditive. Les aides auditives sont une intervention de première ligne pour la plupart des personnes souffrant de perte auditive, mais on ne sait pas si leur utilisation est associée à un risque plus faible de mortalité.
Des chercheurs se sont intéressés à cette question au travers d’une étude transversale basée sur une cohorte de 9 885 adultes ayant participé à la National Health and Nutrition Examination Survey (NHANES) entre 1999 et 2012. Les participants étaient âgés en moyenne de 48,6 ans, et 51% étaient des femmes. Au sein de cette cohorte, 1 863 participants avaient une perte auditive mesurée par audiométrie. Les personnes souffrant de perte auditive ont été catégorisées en trois groupes : pas d’utilisation d’aides auditives, utilisation régulière, utilisation non régulière. Le statut de mortalité de la cohorte a été obtenu à partir du National Death Index, en date du 31 décembre 2019.
L’analyse des données a révélé une prévalence pondérée de la perte auditive mesurée par audiométrie de 14,7%, et un taux de mortalité toutes causes confondues de 13,2% après un suivi médian de 10,4 ans.
La perte auditive est un facteur de risque indépendant associé à une mortalité plus élevée (rapport de risque ajusté, HRa : 1,40). Le taux d’utilisation régulière d’aides auditives était de 12,7% et le taux d’utilisation non régulière était de 6,6%.
Dans l’ensemble, une mauvaise audition était associée à un risque accru de mortalité. Le risque de mortalité ajusté en fonction de l’âge était significativement plus élevé chez les adultes présentant une perte auditive (HR : 1,68). Il existe une relation dose-réponse, une perte auditive moyenne ou sévère étant généralement associée à un risque de mortalité plus élevé qu’une perte auditive légère.
Une évaluation de l’association entre l’utilisation d’appareils auditifs et le risque de mortalité a été réalisée chez des adultes présentant une perte auditive mesurée par audiométrie. Parmi les personnes souffrant d’une perte auditive, le risque de mortalité ajusté en fonction des données démographiques, des niveaux d’audition et des antécédents médicaux, était plus faible chez les utilisateurs réguliers d’aides auditives comparativement aux personnes n’en ayant jamais utilisé (HRa : 0,76). En revanche, Il n’y avait pas de différence de mortalité entre les utilisateurs non réguliers d’aides auditives et les personnes n’ayant jamais utilisé d’aides auditives (HRa : 0,93).
Au départ de l’étude, des différences ont été observées entre les groupes. Les utilisateurs réguliers d’aides auditives avaient généralement un statut socioéconomique plus élevé et moins de comorbidités médicales. Les utilisateurs réguliers d’aides auditives étaient également plus susceptibles d’avoir un meilleur accès aux soins de santé.
Divers mécanismes ont été proposés pour expliquer l’association entre la perte auditive et la mortalité. Une première hypothèse suggère une pathologie commune qui affecte à la fois l’audition et les comorbidités menant au décès, telles que les maladies cardiovasculaires, le diabète ou la démence. Si l’association était entièrement attribuable à ce mécanisme, l’utilisation d’aides auditives ne modifierait pas le risque de mortalité. Le deuxième mécanisme possible est l’effet de la perte auditive sur la fragilité, un syndrome de déclin physiologique lié au vieillissement, caractérisé par une vulnérabilité marquée aux problèmes de santé et un facteur prédictif indépendant de mortalité. Les effets de la perte auditive sur la mauvaise communication entre le patient et le clinicien ont également été suggérés comme étant un facteur contribuant à l’augmentation des risques d’admission à l’hôpital et des coûts des soins de santé chez les adultes âgés présentant une perte auditive non traitée. L’utilisation d’aides auditives pourrait améliorer la communication entre le patient et son médecin, et contribuer à l’amélioration des résultats en matière de santé.
Les auteurs soulignent certaines limites à leur étude, notamment le fait que, malgré l’ajustement pour de multiples facteurs de confusion majeurs, les effets de confusion résiduels provenant d’autres facteurs qui n’ont pas été inclus dans l’étude ne peuvent pas être exclus. Des informations détaillées sur la perte auditive (par exemple, le type, la durée et la cause de la perte auditive) et l’utilisation d’aides auditives (par exemple, le type d’aide auditive et le niveau d’amplification) n’étaient pas disponibles. L’utilisation régulière d’appareils auditifs a été définie sur la base de trois questions sur la fréquence d’utilisation des appareils auditifs, qui ont changé au cours des cycles NHANES. Enfin, il s’agit d’une étude de suivi de la mortalité, mais il est important de noter que les changements d’utilisation des aides auditives après la participation à la NHANES n’étaient pas disponibles. Si un nombre important de participants ayant déclaré n’avoir jamais utilisé d’appareils auditifs ont depuis adopté une utilisation régulière, l’association entre l’utilisation régulière d’appareils auditifs et la mortalité dans cette étude pourrait avoir été sous-estimée.
La perte auditive a été identifiée comme un facteur de risque potentiellement modifiable. De fait, cette étude a démontré que l’utilisation régulière d’aides auditives était significativement associée à un risque de mortalité plus faible. Dans ce contexte, les auteurs soulignent la nécessité d’améliorer l’accessibilité et le caractère abordable des aides auditives.
Choi J. S. et al., Association between hearing aid use and mortality in adults with hearing loss in the USA: a mortality follow-up study of a cross-sectional cohort. Lancet Healthy Longev 2024;5: e66–75