Your browser is outdated. Upgrade your browser for better user experience and security

Dans l’Union Européenne, l’accident vasculaire cérébral (AVC) est la deuxième cause de décès et l’une des principales causes d’invalidité chez l’adulte. La dysphagie est une complication fréquente de l’AVC, qui impacte la qualité de vie des patients mais également leurs résultats. A l’heure actuelle, il n’existe pas de traitement spécifique et efficace de la dysphagie post-AVC.4 Dans certains pays, l’acupuncture a été largement utilisée pour traiter l’AVC.

Au niveau mondial, la Chine est le pays le plus touché par les accidents vasculaires cérébraux, avec 2,4 millions de nouveaux cas par an et environ 1,1 million de décès. 

En moyenne, plus de 50% des patients ayant subi un AVC souffrent - au cours de la phase aigüe - d’une dysphagie post-AVC qui augmente le risque de complications, en particulier de pneumonie d’aspiration, de malnutrition, de déshydratation, d’augmentation de la durée d’hospitalisation, de mauvais résultats et de décès. 

Le processus de déglutition est un mécanisme complexe, sous le contrôle d’un réseau qui inclut le cortex cérébral, la zone sous-corticale et le tronc cérébral. Un dysfonctionnement de ce réseau après un accident vasculaire cérébral entraîne une dysphagie. Les muscles de la déglutition s’affaiblissent après un AVC, ce qui entraîne une réduction des mouvements au cours de la déglutition.

L'acupuncture de la langue stimule des points spécifiques de la langue pour améliorer la fonction de déglutition chez les patients souffrant de dysphagie après un accident vasculaire cérébral.

Au cours des dernières décennies, la prise en charge de la phase aiguë des AVC s’est considérablement améliorée grâce aux techniques de reperfusion, à la création d’unités spécialisées et aux efforts de prévention. Les lignes directrices recommandent que la prise en charge de la dysphagie post-AVC comprennent des interventions diététiques et comportementales (entraînement à la déglutition), une bonne hygiène bucco-dentaire, des médicaments et une régulation nerveuse périphérique ou centrale (stimulation magnétique transcrânienne répétitive, stimulation électrique transcrânienne, stimulation transcrânienne à courant continu et stimulation électrique pharyngée). Cependant, il n’existe pas encore de schéma thérapeutique spécifique et efficace pour traiter la dysphagie post-AVC.

Face à une problématique grandissante, la Chine et certains pays d’Asie de l’Est ont recours à l’acupuncture de la langue. L’acupuncture peut stimuler les récepteurs terminaux des nerfs, favoriser la perception sensorielle, promouvoir la récupération du cortex cérébral et des nerfs sous-corticaux endommagés, améliorer la fonction des nerfs glossopharyngiens et de l’arc réflexe, et renforcer le réflexe de déglutition. L’acupuncture au niveau de la langue est une thérapie naturelle unique. Elle est facile à administrer par les acupuncteurs et bien acceptée par les patients. Des points d’acupuncture spécifiques au niveau de la langue sont censés stimuler différents méridiens associés aux fonctions de différents organes afin d’ajuster la circulation sanguine et le flux d’énergie dans le corps.

La pratique clinique montre que l’acupuncture de la langue est plus efficace lorsqu’elle est combinée à l’acupuncture corporelle. L’acupuncture de la langue dans le traitement de la dysphagie peut améliorer la fonction de déglutition en modifiant l’excitabilité des cellules nerveuses corticales, en favorisant la récupération de la fonction neurologique, en améliorant l’excitabilité musculaire des neurones, en activant les voies connexes, et en améliorant le contrôle des nerfs et des muscles liés à la déglutition. L’acupuncture de la langue est donc une thérapie efficace, sûre et fiable de la médecine traditionnelle chinoise, qui bénéficie de nombreuses années d’expérience clinique et constitue une méthode potentielle pour le traitement de la dysphagie.

Toutes les études sur le sujet ont été réalisées en Chine, sur de petits groupes de patients. Une équipe chinoise a effectué une recherche de la littérature et une méta-analyse afin d’évaluer l’efficacité de l’acupuncture de la langue dans le traitement de la dysphagie post-AVC, et de promouvoir son application clinique. Au total, 15 études portant sur 1 094 patients ont été incluses dans l’analyse. Dans ces études, le groupe interventionnel bénéficiait d’une acupuncture de la langue, seule ou en association avec d’autres thérapies (acupuncture corporelle, rééducation à la déglutition, stimulation musculaire électrique, etc.).

Les résultats suggèrent que l’efficacité globale de l’acupuncture de la langue, seule ou combinée à d’autres thérapies, était supérieure à celle du groupe de contrôle chez les patients souffrant de dysphagie post-AVC (p<0,00001).

L'acupuncture de la langue utilise de fines aiguilles pour stimuler des points spécifiques de la langue et améliorer ainsi la fonction de déglutition chez les patients souffrant de dysphagie après un accident vasculaire cérébral.

Dans un certain nombre d’études incluses dans la méta-analyse, un test à l’eau (WST ; Water Swallowing Test) a été utilisé comme critère d’évaluation de l’efficacité. Ce test non invasif permet d’évaluer la capacité de déglutition et son évolution au cours du temps. L’analyse des sous-groupes a montré que les scores du test à l’eau étaient meilleurs dans le groupe interventionnel par rapport au groupe contrôle (p < 0,00001).

Par ailleurs, trois études incluses dans la méta-analyse ont utilisé une évaluation standardisée de la déglutition (SSA, Standardized Swallowing Assessment) comme critère d’efficacité. Ici aussi, les résultats se sont avérés significativement meilleurs dans le groupe interventionnel (p < 0,00001).

Les auteurs concluent que les résultats de la méta-analyse suggèrent que l’acupuncture de la langue, seule ou combinée à d’autres thérapies, est cliniquement efficace dans le traitement de la dysphagie post-AVC. Cependant, la littérature incluse dans cette étude présentait certaines lacunes au niveau de la méthodologie. Les études étaient de courte durée et n’ont dès lors pas fourni d’information sur le suivi des patients. Les critères d’évaluation étaient subjectifs. En outre, la plupart des protocoles expérimentaux étaient en simple aveugle.

Les auteurs soulignent que des études cliniques randomisées de haute qualité, multicentriques, avec de grands échantillons et un suivi régulier devraient être menées afin de fournir des preuves plus robustes.

1. Wafa H. A. et al., Burden of Stroke in Europe. Stroke. 2020; 51: 2418–2427

2. Arnold M. et al., Dysphagia in Acute Stroke: Incidence, Burden, and Impact on Clinical Outcome. Plos One 2016; 11(2): e0148424

3. Dziewas R. et al., European Stroke Organisation and European Society for Swallowing Disorders guideline for the diagnosis and behandeling van post-stroke dysfagie. European Stroke Journal 2021; 6 (3): LXXXIX–CXV

4. Li L. et al., Tongue acupuncture for the treatment of post-stroke dysphagia: a meta-analysis of randomized controlled trials. Front. Neurosci. 2023; 17: 1124064

5. Shi X. et al., Can Tongue Acupuncture Enhance Body Acupuncture? First Results from Heart Rate Variability and Clinical Scores in Patients with Depression. Evidence-Based Complementary and Alternative Medicine 2014; ID 329746

Voyez également :