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Evaluer la prévalence des acouphènes et mieux appréhender les facteurs de risque sont essentiels pour reconnaitre le fardeau associé au trouble, orienter la recherche médicale, et identifier les expositions qui prédisposent un individu aux acouphènes.

Dans sa forme débilitante, l'acouphène affecte négativement la santé émotionnelle et le bien-être social, et peut précipiter la détresse psychologique, tout en exerçant un fardeau financier substantiel pour l'individu et la société.1

Il n’existe pas de données claires sur la proportion de la population mondiale touchée par les acouphènes et sur ce qui rend certains groupes plus vulnérables que d’autres. Une revue systématique de la littérature réalisée par McCormack et ses collègues en 2016 a mis en évidence une prévalence globale qui variait, en fonction des études, de 5,1% à 42,7%. De même, la prévalence des acouphènes considérés comme gênants variait de 3,0% à 30,9%. Les auteurs n’ont pas pu réaliser de méta-analyse pour dégager une prévalence mondiale, notamment en raison de l’absence de définition homogène utilisée dans les études pour définir l’acouphène et l’acouphène gênant.1,2 Or, une meilleure compréhension de l’épidémiologie des acouphènes permettrait d’orienter la recherche médicale, et de mettre en place des mesures préventives et des interventions sanitaires adéquates.1

Environ 90 % des personnes souffrant d'acouphènes ont une perte d'audition 

— Dr. Maren Stropahl

Une étude pan-européenne objective la problématique des acouphènes  

Entre 2017 et 2018, une enquête transversale sur les acouphènes (European Tinnitus Survey) a été menée dans 12 pays de l'Union européenne (Bulgarie, Angleterre, France, Allemagne, Grèce, Irlande, Italie, Lettonie, Pologne, Portugal, Roumanie et Espagne), sur base d'un ensemble de questions standardisées relatives aux acouphènes.1

Au total, les chercheurs ont recruté 11.427 adultes, dont 5.404 hommes, âgés de 18 ans ou plus, représentatifs de la population générale en termes d'âge, de sexe et de lieu d’habitation.1

L’analyse a révélé une prévalence globale de 14,7% (14,0% chez les hommes et 15,2% chez les femmes). La prévalence la plus faible a été observée en Irlande (8,7%), et la plus élevée en Bulgarie (28,3%). Par ailleurs, 6% des participants ont décrit leurs acouphènes comme étant gênants (5,0% chez les hommes et 6,6% chez les femmes), et 1,2% comme étant sévères (1,0% chez les hommes et 1,4% chez les femmes). La prévalence des acouphènes gênants variait de 3,4% en Irlande à 11,5% en Bulgarie, et celle des acouphènes sévères de 0,6% en Irlande à 4,2% en Roumanie. Les variations observées entre les pays ne peuvent pas être attribuées à une variabilité méthodologique, dès lors d’autres recherches doivent être menées pour comprendre les raisons sous-jacentes et identifier les caractéristiques de la population qui rendent un groupe plus vulnérable qu'un autre.1

L’étude a également mis en évidence une augmentation significative de la prévalence des acouphènes avec l'âge et l'aggravation de déficiences auditives.1 Ces observations sont relativement inquiétantes tenant compte d’une part du vieillissement de la population, et d’autre part, des projections de l’OMS selon lesquelles, d’ici 2050, plus de 900 millions de personnes pourraient souffrir de déficience auditive au niveau mondial.3,4

En conclusion, les résultats de cette étude pan-européenne indiquent que plus d'un adulte sur sept souffre d'acouphènes. En extrapolant à l'ensemble de la population, environ 65 millions d'adultes dans l’Europe des Vingt-Huit ont des acouphènes, 26 millions ont des acouphènes gênants et 4 millions ont des acouphènes sévères.1


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